Colombe : Entre paix et spiritualité, son interprétation

 

 

Quelques considérations particulières sur

LA TOLÉRANCE

 Par Alain Escudero

 

 

     Le concept de tolérance est de nos jours très répandu dans les sociétés. Peut-être dans la pratique n'est-elle pas encore suffisamment exercée, mais force est de constater que la notion de tolérance "est dans l'air". En fait, il s'agit d'une notion devenue fondamentale pour la vie en commun, à cause, d'une part, de la complexité des relations auxquelles les sociétés et les individus sont confrontés, et à cause, d'autre part, du désir, conscient ou non, de maintenir ou de restaurer la Paix au sein de ces sociétés. De ce fait, il est devenu nécessaire de valoriser des attitudes d'acceptation et de respect de ce que d'autres sont ou font, même si nous-même, du fait de nos propres convictions sur ce que nous sommes ou faisons, n'approuvons pas toujours les convictions d'autrui. Pour mieux comprendre cette notion de tolérance, nous allons relever quelques aspects particuliers liés à cette qualité ou vertu.

 

Le rapport aux lois "naturelles" et aux lois "législatives"

 

     Les définitions dans les dictionnaires courants nous indiquent que la tolérance est le fait d'"accepter quelque chose que l'on pourrait interdire". Cette succincte définition fait immédiatement apparaître le rapport de la tolérance à la légalité, c'est-à-dire le rapport de la tolérance aux lois humaines, lesquelles prévoient des sentences dans le cas de leur non-respect. Soulignons bien ce fait, à savoir que la tolérance est liée aux lois dites "législatives", c'est-à-dire aux lois faites par les hommes, et non aux lois "naturelles". En effet, la tolérance est liée à l'assouplissement d'une loi, à son fléchissement, voire même à son annulation pour un moment historique ou un individu (ou un groupe d'individus) en particulier. 

 

     La tolérance ne saurait donc être exercée par les nombreuses lois apparaissant dans la nature : il n'est par exemple pas possible que, placé sur la Terre, un être vivant ou un objet inanimé puisse se soustraire ni momentanément ni de façon atténuée à la loi de l'attraction terrestre. Il n'est pas possible qu'une flamme ne puisse brûler, que l'eau ne mouille, que la lumière n'éclaire... et ce, même pour un court instant ou en un moindre effet. De même, il est exclu à un individu d'échapper à la mort, puisque tout être incarné doit nécessairement passer par l'étape de transition que représente cet évènement.

 

     En bref, la nature est en ce sens faite qu'il n'est donné à aucun individu de disposer de ses lois afin, à son gré, de les assouplir à son avantage ou à celui d'une tierce personne. Il ne s'agit pas ici, dans l'approche que nous en faisons aujourd'hui, de déterminer si ces lois sont bonnes ou mauvaises, mais seulement de noter qu'il est impossible de s'y soustraire. Cependant il ne fait aucun doute que les lois dites "naturelles" ont leur raison d'être et qu'en un certain sens, on peut les considérer comme parfaites puisque s'appliquant de façon toujours égale, c'est-à-dire sans excès ni faiblesse, ni défaut, sans favoritisme ni exclusion, sans restriction ni répit, et également sans l'intervention d'une entité tierce puisque ces lois s'appliquent par elles-mêmes et donc n'ont pas besoin pour s'exercer de la participation de quelques tiers.

 

     La plupart de ces caractéristiques, notons-le, diffèrent grandement dans la pratique des lois "législatives" : celles-ci sont en effet dépendantes, dans leur application, du personnel qui a pour tâche de faire exécuter la loi. Évidemment, il n'est pas possible de faire appliquer ces lois "en continu", "dès que nécessaire", dans la "mesure idéale", etc. Les lois "législatives" sont sous la responsabilité de l'homme, autant dans leur formulation que, comme nous venons de le voir, dans leur application.

 

     Remarquons que les lois "naturelles" s'appliquent essentiellement à la matière, et que leur caractère de spiritualité n'est que relatif dans leur manifestation. Elles sont de ce fait appelées "lois primaires", au contraire des lois humaines basées sur des choix éthiques, une expérience et des buts philosophiques et moraux, en d'autres termes traduisant une certaine conception de la spiritualité des hommes vivant en concordance avec ces lois, et établissant des valeurs humaines, mais parfois aussi des lacunes au sein des sociétés. Il apparait donc que les lois naturelles, parfaites au niveau de la physique, n'ont qu'un impact restreint sur la conscience des rapports que l'on a avec les autres, alors que les lois humaines, certes demeurant encore imparfaites et ne pouvant étendre leur impact dans la matière, tendent à faire prendre conscience à chacun de ses relations vis-à-vis d'autrui, et de leur sens.

 

     C'est donc dans les domaines de l'activité purement humaine, et où s'exerce une législation traduite soit par des lois, soit par des réglements ou des préceptes relevant de l'éducation, que la qualité de la tolérance peut s'exercer. Les lois et les règlements humains ont été décrétés et promulgués afin de garantir l'ordre, le progrès et le bien-être parmi les hommes, du moins telle en est a priori l'intention. Ainsi, ce serait par le biais d'une acceptation consciente à un code, et à défaut de cette acceptation, par la force, que les hommes pourraient établir un ordre leur étant bénéfique.  Or — et cela est un paradoxe qui peut justement mettre en défaut le but que se proposent les législateurs en établissant des lois dans de nombreux domaines — sans la qualité ou la vertu de la tolérance faite en regard à ces lois ou règlements, certains progrès humains n'auraient pu être réalisés : que l'on songe par exemple aux arts, où les règles, notamment classiques, étaient fixes et n'admettaient pas d'écart aux formes prescrites...

 

Le progrès dans les arts, les sciences et la vie sociale

 

      Il va sans dire que si l'esprit de tolérance parmi les artistes, et même parmi les académiciens des arts et les critiques d'art, n'avait pas été éveillé, nous aurions du rejeter et perdre nombre de chefs-d'œuvre faisant aujourd'hui partie du patrimoine culturel de l'humanité, à commencer par les œuvres des grands romantiques, tant dans les arts littéraires que dans les arts plastiques notamment. C'est également grâce à la tolérance de certains hommes de science et de certaines institutions scientifiques que des recherches dans les domaines de la chimie, de la physique, de la biologie ou de la médecine ont pu être menées à des époques où l'état des connaissances n'aurait pas permis d'envisager ces recherches. Beaucoup de ces recherches même ne pouvaient s'appuyer sur la "légalité scientifique" : rappelons-nous par exemple, le long discrédit "légal" jeté sur des pratiques médicales telles que l'acuponcture ou l'homéopathie...

 

     Aujourd'hui, force est de constater que les découvertes réalisées par le biais de la tolérance et de l'ouverture d'esprit de ces chercheurs, de ces praticiens et de ses savants, ont permis un considérable accroissement du bien-être et du progrès humain. Dans la technique également, la notion de tolérance est présente : en effet, la fabrication des objets ne peut être envisagée que grâce à la notion de mesure "avec tolérance". Cela permet de réaliser l'ensemble de tous les objets créés par l'homme et dont les mesures sont toutes en faites "plus ou moins" les bonnes, car il est impossible pour la technique de réaliser d'objet, quels qu'ils soit, dans des mesures strictes.

     

     Dans la vie juridique même, il n'est de cesse d'apporter des ajouts ou des modifications aux lois. Cela montre que, sans cesse, la conception que l'on se fait de la loi est sujette à des changements. Ce serait en réalité une pure folie que d'établir une loi aboutissant à l'interdiction de changer définitivement les lois, et cela, en un certain sens est une marque de tolérance des législateurs eux-mêmes vis-à-vis de la législation. On pourrait citer un grand nombre d'autres domaines où la tolérance est quotidiennement présente dans la vie.

 

     En fait, on serait quasiment dans l'obligation d'admettre qu'il n'est pas possible de vivre "dans la pratique" sans tolérance, et il semblerait que seul le domaine de la mathématique pur pourrait se développer ou s'exercer continuellement sans s'appuyer sur la tolérance car elle possède une démarche conceptuelle abstraite qui aboutit certes à la pratique dans d'autres domaines, mais qui ne s'inscrit pas elle-même dans un registre de "pratique". Malgré cela, l'apprentissage proprement dit des mathématiques ne saurait se faire sans la tolérance : en effet, il n'est, par exemple, pas possible d'associer à la conception mathématique d'une ligne une représentation géométrique satisfaisante. Les écoliers, en représentant par des droites ou des courbes sommairement tracées au crayon les figures géométriques, apprennent donc les mathématiques grâce à la "tolérance" de la pédagogie qui accepte le support de représentations imparfaites pour enseigner des notions parfaites. En ce sens, les pédagogues font acte de tolérance vis-à-vis des conceptions mathématiques strictes en acceptant les graphiques "approximatifs" des écoliers.

 

Élévation et innovation

 

     Ce dernier exemple nous amène à concevoir qu'en règle générale, l'un des buts de l'exercice de la tolérance est de servir un idéal plus élevé que celui qui est contenu a priori dans l'énoncé d'une règle ou d'une loi à laquelle il est fait "entorse". Dans l'exemple de la pédagogie notamment, la tolérance a pour but d'élever le niveau de compréhension des élèves, ce qui, n'en doutons pas, est plus favorable finalement que d'avoir exigé, dès le début, que les écoliers aient respecté scrupuleusement la rigueur conceptuelle des mathématiques dans leur représentation schématique des figures géométriques.

 

     En médecine, l'"écart" fait à la législation médicale est acceptable (et peut-être même, dans certains cas, devrions-nous dire "souhaitables") car favorisant parfois en fin de compte des guérisons, des rémissions ou procurant en tout état de cause un mieux-être pour de nombreux malades. Dans la technique, la mesure de "tolérance" permet la réalisation d'objets concrets, utiles aux hommes et à leur développement, ce qui est infiniment préférable à l'absence de ces outils.

 

     La loi prétendue "religieuse" du "œil pour œil, dent pour dent", que le Mahatma Gandhi a, dans sa pratique, tellement combattue, ne peut, à l'évidence, que résulter d'une conception étroite de certains textes religieux pris trop strictement au "pied de la lettre" par ceux qui coupèrent les mains de nombre de malheureux ou en aveuglèrent quantité d'autres. La peine de mort en ce sens est l'expression la plus extrême de cette "loi" du "œil pour œil, dent pour dent" qui ne peut être éthiquement acceptée du fait que ce type de punition ne peut en aucune façon élever le niveau de conscience de quiconque. Car de toute évidence le sens d'une punition ne peut être ni de provoquer un mal irréparable ni, comme cela est le cas dans le contexte ici en question, être du niveau de l'acte répréhensible éventuellement commis préalablement.

 

     Il serait aisé de dresser une longue liste de "génie humain" (artistiques, scientifiques ou autres) ayant combattu pour faire valoir des conceptions et des idéaux humainement plus élevés que le prétendu "humanisme" que l'on ne peut, dans certains cas, que qualifier d'"étroit", enfermé dans certains énoncés "légaux". Ces derniers peuvent avoir même aidé certaines institutions à briser l'élan et l'enthousiasme de nombre de ces êtres de génie en réfutant et condamnant leur conception : l'exemple du savant Galileo Galilei, dont les opinions et les découvertes ont été condamnées et attaquées "légalement" par une Église trop intransigeante et trop intolérante, est à ce titre tristement célèbre.

 

     Ces quelques remarques nous font ainsi sentir qu'à l'inverse des lois "naturelles", qui peuvent être considérées comme parfaite, ainsi que cela a été observé précédemment, les lois humaines, c'est-à-dire les lois "législatives", tout en cherchant à instaurer une élévation dans les rapports entre les hommes, peuvent être entachées d'imperfections ou engendrer quelques résultats qui ne peut recevoir l'approbation d'une éthique saine, et ce, même jusque dans certaines formes d'interprétations de conceptions religieuses. Cela semble normal, car les hommes, à travers les âges, recherchent la perfection, mais ne peuvent, même les législateurs, affirmer ni l'avoir définitivement formulée, ni pouvoir la faire systématiquement exécuter quelle que soit la situation envisagée. La tolérance est donc souvent aussi un acte d'humilité pour la personne qui se trouve devoir faire exécuter les règlements en vigueur : cet agent consciemment ou non, peut en effet ressentir que la législation, tout aussi parfaite qu'elle puisse paraître en première analyse, peut contenir un aspect, un "résidu" d'imperfection, et que parfois elle peut ne pas être "juste". Cela semble provenir du fait suivant : à savoir que si la tolérance, comme il a été dit, a pour but de servir un idéal plus élevé, elle permet surtout de faire, à terme, prendre conscience d'une réalité supérieure bénéfique à tous, ou tout du moins à la plupart.

 

     Mais, tel que cela a été signifié plus haut, les lois tendent aussi à élever le niveau des consciences par rapport aux relations humaines, et dans ce sens donc, autant les lois que la tolérance aurait comme résultante sociale la poursuite de buts spirituels semblables. Seule la "pratique" des unes ou de l'autre diffère : dans la démarche d'élévation de conscience en vue de favoriser une vie harmonieuse en commun (tâche de plus en plus complexe), les lois, dans leur extrême rigueur, inciteraient à l'application d'une punition, c'est-à-dire suivraient un principe "du corps", tandis que la tolérance ouvrirait une voie basée sur la miséricorde ou la mansuétude, et peut-être même la grâce, c'est-à-dire suivrait un principe "du cœur".

 

Faiblesse, compromission et justice

 

     Cela étant, il ne faut évidemment pas confondre "tolérance" et "faiblesse", et encore moins "tolérance" et "compromission". La "faiblesse" supposerait que celui qui fait acte de tolérance ne connaîtrait pas les règles en vigueur ou la législation, et que la personne à qui une tolérance a été consentie pourrait répéter des comportements répréhensibles tout simplement parce qu'elle croirait que sa conduite ne pourrait être punie. Dans ce cas, la personne qui bénéficie d'une tolérance n'en est pas digne, car elle ne s'élève pas à un niveau supérieur à elle-même et méprise la confiance qui a été placée en elle. L'autre cas, celui de la "compromission", supposerait que quiconque fait acte de tolérance ne le ferait qu'en faveur de personnes qui lui seraient proches ou qui lui permettraient d'obtenir quelques avantages directs ou indirects, ce qui s'apparenterait à des formes de chantage ou de servilité. Dans cette situation, c'est l'auteur du prétendu acte de tolérance qui ne respecte pas l'élévation morale de la personne à qui il fait tolérance, et ramène cet être humain à une condition inférieure en le rendant "objet", c'est-à-dire "instrument" en vue de quelque avantage éventuel ultérieur. Autant dire qu'un être à qui on accorde une telle pseudo tolérance ne peut, s'il doit l'accepter, que se sentir méprisé, humilié et rabaissé avec un tel "présent".

 

     En fait une tolérance doit être consentie par une personne qui sait qu'elle dispose d'un droit, mais ne fait pas partiellement ou entièrement appliquer ce droit car elle juge que la situation de celui qui devrait être puni est telle que moralement la leçon est, entièrement ou en partie, déjà donnée. La punition alors ne pourrait pas plus élever le coupable, et perd ce fait son rôle qui est de promouvoir une remise en question, celle-ci ayant déjà été, en fait, réalisée. On voit par là que parfois un acte de tolérance ou un acte de mansuétude peut provoquer, au niveau de la conscience, des transformations bien plus profondes, radicales et définitives que nombre de punitions, souvent répétées. Ces dernières, paradoxalement, peuvent même engendrer des comportements de résistance qui peuvent aller jusqu'à entraver les buts justement recherchés par la punition.

 

     Comme on le conçoit à partir de ce qui vient d'être dit, la véritable justice n'est finalement pas une comptatibilité de fait et de contrefaits, de délits et de sentences, mais une pratique aidante à l'élévation de la conscience et promouvant en chacun la maîtrise de soi. C'est ce qui induit, en outre, qu'il n'est pas pensable de prescrire la tolérance ou d'obliger à son emploi, ni en partie ni en totalité, ni même qu'elle puisse être sollicitée, et en aucun cas interdite. Elle ne peut être prescrite, car cela reviendrait à dire qu'une loi ne devrait jamais s'appliquer en totalité, ce qui serait la négation même de la loi. Elle ne peut non plus être obligée, car cela voudrait alors signifier que le magistrat en charge d'effectuer le jugement n'aurait jamais la capacité de faire appliquer la loi en son intégralité. Aucun coupable ne peut solliciter une tolérance, car il est en tout instant responsable de ses actes, et s'il n'a pas encore assimilé la responsabilité de ceux-ci, un jugement pourrait l'y aider. En fait, tout coupable devrait être autorisé à montrer l'état de sa propre conscience afin qu'il puisse bénéficier d'une réponse adaptée à l'élévation de celle-ci ou afin d'élever celle des autres, comme cela s'est déjà avéré dans certains cas historiques, notamment lors de jugements politiques.

 

Conscience et évolution

 

     Enfin, la tolérance ne doit pas être légalement interdite en prescrivant une "tolérance zéro". En effet, cela voudrait signifier que le recours à la faculté d'un "jugement en conscience" ne serait plus du tout possible, et que "l'instrument punition", au sein de la hiérarchie des valeurs juridiques, serait placé au plus haut de l'échelle, plus élevée même que le but qu'il sert. Or, comme on vient de le voir, un jugement doit en toute première instance s'assujettir au développement des consciences. Ces remarques montrent que la tolérance est un acte s'établissant de "conscience à conscience". Elle est consentie par une personne dite ayant son niveau de conscience propre, jugeant, dans un cas présentant des caractéristiques spécifiques, l'état de conscience particulier d'une autre personne et cherchant à l'élever.

 

     C'est ce qui fait que, dans la pratique judiciaire, des sentences très différentes peuvent être prononcées pour des cas pouvant sembler très proches au départ. Et, bien qu'en première approximation, on pourrait s'attendre à ce que la tolérance s'applique "dans une certaine marge", c'est-à-dire dans certaines limites, on peut citer nombre de cas jugés où la loi ne s'est tout simplement pas appliquée telle que préconisée dans l'énoncé légal. Dans nombre de ces cas, ces décisions sont le résultat d'un jugement ayant reconnu un nouvel état de la conscience du coupable, sur laquelle une punition n'aurait eu aucun effet supplémentaire. C'est la preuve que l'acte de tolérance est un acte fait de "conscience à conscience" auquel aucune prescription ou obligation ne peut être faite, car c'est de la conscience dont il s'agit en définitive. "Tolérance" ou "punition" ne doivent être considérées, en réalité, que comme des instruments aidant à la parfaire.

 

     Une tolérance, quand elle a été accordée à un individu, devrait éveiller en lui un sentiment de gratitude pour la bonté ou la mansuétude qui lui a été témoignée. Il devrait également avoir une attitude de remise en question de ses actes passés ou de sa façon d'être, ainsi qu'un sentiment de responsabilité puisqu'une confiance lui a été accordée, celle d'être en mesure de s'élever par lui- même. Ce sentiment de confiance est en fait aussi le lien qui l'unit à celui ou ceux dont il a bénéficié de la tolérance : il va sans dire que celui qui consent une tolérance est justement rempli du sentiment de confiance envers un coupable qu'il tente d'élever, sans avoir à lui faire subir d'autre charge que le respect des consciences.

 

     La tolérance est une pratique, un exercice purement humain. Remarquons que quiconque se montrant tolérant met à jour le caractère humain de sa personnalité, en cela qu'il se révèle être bon, vertueux, à l'égard de ses semblables ou même à l'égard des animaux ou des plantes : c'est aussi être bon et vertueux que de s'occuper, par exemple, des animaux en les soignant et les prenant en charge ou de faire d'un terrain en friche un jardin du paradis. La tolérance ne peut s'acquérir qu'en la "tentant", et malgré des erreurs, en la répétant à nouveau dans d'autres cas, et en développant ainsi en soi, non la faiblesse de jugement, mais la prescience de la qualité de conscience chez les autres.

 

  

Rose.jpg

 

Revue Rose+Croix - Été 2005